ÉDITO
Evoquer entre salariés les comportements addictifs demeure difficile, tant les tabous et les postures individuelles figent nos échanges et prolongent d'autant notre méconnaissance de cette maladie aux multiples facettes. Si l'alcool, le tabac, les différentes drogues représentent les addictions les plus sévères, on voit ce même mécanisme à l'œuvre dans les spirales addictives des jeux de hasard et d'argent, des jeux vidéo, d'internet et d'achats compulsifs. Les statistiques révèlent également que chacun de nous a été ou sera confronté dans son cercle familial ou professionnel, à côtoyer une personne isolée en souffrance.
Ces constats ont conduit le conseil d'administration d'OMNES à contribuer par cette sixième conférence à favoriser une meilleure compréhension des comportements addictifs.

Ruth Gozlan
Médecin et coordinatrice du pôle santé recherche de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie, elle dévoile le fonctionnement de cet organisme qui rédige et élabore des plans d'action adaptés à ces addictions, en collaborant avec les ministères concernés comme avec les associations.

Michel Massacret
Chargé de mission prévention à la MILDT et spécialiste de la problématique en milieu professionnel, il revient sur l'historique des travaux qui ont conduit à retenir des principes axés sur la réduction des consommations et des risques par la détection et le soin, en privilégiant la prévention par rapport à la sanction, tout en reconnaissant la part de responsabilité de chacun des acteurs.

Patrick Guillard
Policier et formateur anti-drogue à l'OCTRIS, Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants, il revient sur la genèse et l'articulation des filières des différents trafics illicites. On y découvre le rôle de plaques tournantes de transit que tiennent la France et les Pays-Bas qui peuvent conduire les trafiquants à emprunter les réseaux aériens complémentaires d'Air France et de KLM.

Hélène David
Présidente d'EPISEA, fédération de centres de soin en addictologie, elle intervient à Air France depuis 6 ans pour des actions de prévention, de formation et d'insertion de personnes malades. Elle s'attache à travailler sur les idées reçues qui demeurent selon elle, les principaux freins au changement. Ses éclairages argumentés la conduisent à proposer, même en cas de déni, des techniques qui amènent les malades à entrevoir le bénéfice d'une consommation même faiblement diminuée.

Alain Payen
Psychiatre à Air France, en tirant les conclusions de nos échanges, il souligne que le simple fait de reconnaître le problème des addictions est une avancée tout à fait importante, car cela signifie qu'on peut proposer conseil, orientation et soins, qu'ils soient réalisés en interne ou en externe. Face à une demande de drogues qui ne faiblit pas, cette prise de conscience individuelle comme collective reste essentielle pour aider les jeunes générations à résister aux « liaisons dangereuses » que représentent la déferlante des nouvelles drogues de synthèse et les pratiques "d'alcoolisation massive".