ÉDITO
Vaste sujet que celui qui fut abordé lors de cette troisième conférence-débat d'OMNES qui ne laisse aucun salarié indifférent. A une époque qui va nous contraindre à jouer les prolongations sur le terrain professionnel, on ne peut être qu'inquiet de découvrir l'état des lieux décrypté au travers du sondage TNS Sofres pour Altedia publié fin novembre. Si la crise économique n'a pu qu'exacerber les angoisses et les ressentiments de chacun, la cassure entre les salariés français et leurs employeurs y est clairement matérialisée. On comprend mieux à sa lecture, l'importance du défi que devront relever les entreprises, comme les syndicats, afin de modifier ce modèle managérial qui manifestement ne fonctionne plus.
Comment envisager « d'être bien dans son travail » quand 59 % des salariés ont le sentiment d'apporter davantage à leur entreprise que ce qu'ils reçoivent en retour, et que seuls 8 % s'estiment gagnants dans leur relation au travail. Passer du cap de la méfiance à une posture de défiance, afin de tisser des liens de confiance exigera du temps et des changements de comportements.
Si « être bien » peut sembler utopique à certains, cette sensation témoigne pourtant d'une vraie richesse dans la capacité de chacun à s'adapter à ses congénères comme aux situations. Cette alchimie instable d'échanges et de rencontres nous structure et permet de vivre au mieux le quotidien. Nous en avons besoin car le travail, fruit de l'effort, se caractérise par une lutte de plus en plus individualisée à élaborer, maîtriser, et donner du sens à ce qui est réduit à une source de profits et un enjeu de pouvoirs, avec leurs lots de tensions humaines et sociales.
Il semblait donc logique et opportun que nos sept intervenants nous guident dans un cheminement d'analyse et d'introspection, que la pression et les exigences nous conduisent généralement à ignorer.

Michela Marzano
Philosophe, elle analyse la place centrale prise par le travail dans nos vies, dont l'individu devient esclave. Elle nous décrypte « les mensonges du management », et nous révèle comment selon elle, les entreprises en imposant des injonctions contradictoires à leurs salariés les conduisent à craquer, pris en tenaille entre le discours de la rentabilité et l'exigence de la qualité. Une exhortation afin que chacun exerce réflexion et esprit critique.

Philippe Rodet
Médecin spécialiste du stress, il pense qu'on diminue la toxicité du stress au travers d'un meilleur management, associé à une organisation du travail plus efficace. Il demeure un farouche défenseur de la motivation, qui à travers le plaisir qu'elle induit par le biais des neuromédiateurs, favorise la santé au travail.