ÉDITO
A l'issue de son élection et bien avant l'effondrement de Lehman Brothers en septembre 2008, le Président de la République, Nicolas Sarkozy, considérant que ce qui est mesurable influence les choix économiques, commanda à Joseph Stiglitz, prix Nobel d'Economie, un rapport destiné à dessiner ce que pourraient être de nouveaux indicateurs économiques, sociales et environnementales actuelles que le seul Produit Intérieur Brut.
Ce rapport de la commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social, remis en Juillet 2009, fut rapidement oublié, alors même que les racines « financières » de la crise, avaient été largement analysées et commentées par les médias. Paradoxalement le Gouvernement s'autorisa à ne plus jamais rebondir publiquement sur ses conclusions instructives, bien que ce rapport soulignait explicitement le décalage entre le PIB, traduisant l'augmentation de la richesse collective, avec une situation sociale et environnementale globalement perçue de façon négative par une majorité de la population.
Pour autant, 30 mois après le début de cette crise majeure, et malgré beaucoup d'agitation au plus haut niveau international, le constat général demeure que dans le monde occidental, le mode de gouvernance économique n'a pas beaucoup évolué, en dehors de la tentative limitée de mieux sécuriser les activités bancaires.Que doit-on en penser ? Quelles conditions nécessaires permettraient d'ouvrir une nouvelle voie à un mode de gouvernance économique plus proche des aspirations humaines de notre époque ? Omnes invite trois personnalités du monde économique à nous présenter leurs analyses et défendre leurs propositions.

Xavier Timbaud
Economiste, Professeur à Sciences Po-Paris, il travaille à l'OFCE, (Observatoire français des conjonctures économiques) comme directeur du département Analyse et stratégie. En tant que rapporteur de la Commission Stiglitz, il est particulièrement bien placé pour nous détailler les solutions proposées comme les difficultés conceptuelles à élabore ces nouveaux indicateurs qui devraient s'adjoindre au PIB, instrument synthétique qui ignore le bien-être et le renforcement des inégalités.

Géraldine Thiry
Elle est doctorante en Economie à l'Université de Louvain, au sein de laquelle a été crée en 2009 le FAIR, (Forum pour d'Autres Indicateurs de Richesse). La publication coécrite avec Isabelle Cassier, intitulée « Au delà du PIB : réconcilier ce qui compte et ce que l'on compte », cherche à se projeter dans l'avenir et à valoriser des activités générant du bien-être, et à pénaliser celles qui ont des conséquences négatives au niveau social ou environnemental, puisque elles sont actuellement mal comptabilisées.

Yannick Roudaut
Il a travaillé dans la finance pendant dix huit ans, ce qui lui a permis d'analyser en profondeur les racines spécifiques de cette crise. Aujourd'hui, il co-dirige Alternité un cabinet de veille, d'analyse et d'accompagnement en stratégie des entreprises, qui travaille avec des dirigeants de PME pour développer une économie plus proche des concepts du Développement Durable, en insistant sur les otions de « conviction » et de « réputation » , qui deviennent dorénavant suffisamment fortes pour « faire bouger les lignes ».
Leurs exposés successifs et le débat collectif qui s'instaure prouve que ces nouveaux indicateurs de richesse demeurent une exigence plus que jamais d'actualité, même si leur élaboration démontre une fois encore depuis Aristote qu' "Une définition est plus facile à réfuter qu'à établir".
Jean-Denis Bour, Philippe Cadorel - Co-animateurs