ÉDITO
Après le séminaire consacré aux « Conséquences et perspectives de la crise sur le transport aérien », le conseil d'administration d'Omnes a souhaité prolonger les réflexions et les échanges sur la pertinence du modèle économique des compagnies aériennes, par le biais d'une conférence-débat ouverte à l'ensemble des salriés du groupe.
Mais au fait, de quelle crise s'agit-t-il ?
Derrière le mot crise, on devine la conception économique classique des cycles, qui nous interpelle sur la place de la compagnie, comme sur celle de la pérennité de son modèle suite aux récessions successives. Indépendamment du traumatisme du 11 septembre 2001, de l'épidémie de SRAS en 2003, du troisième choc pétrolier de 2008, de l'éruption du volcan islandais Eyjafjöll en avril dernier et de l'épisode neigeux de la fin d'année en Europe, la notion de crise se manifeste dès l'apparition d'incertitudes, sans parler des situations de déséquilibre profond, ou de celles de désordre social, économique, politique, géopolitique, voire climatique. La globalisation des échanges et la mondialisation de l'économie ont engendré une interdépendance des différents acteurs, avec la création d'effets en cascade sans précédent en cas de trouble.
Mais le point fort de cette conférence a été d'analyser cette perception de la crise, fondée sur l'idée d'une « rupture » qui se serait produite dans notre modèle de croissance. Une rupture engendrée par une violente crise financière puis économique apparue en 2008, d'une ampleur et d'une durée qui conduisent à nous poser la question de la pertinence du modèle des compagnies aériennes. Une véritable remise en cause des valeurs et une prise de conscience du gaspillage des ressources ont fait émerger de nouveaux comportements qui ont modifié en profondeur les modèles économiques traditionnels.

Yves Crozet
Professeur d'économie à l'Université de Lyon2 et directeur du Laboratoire d’Économie des Transports, il pense que "les problèmes du transport aérien viennent de la croissance". Il explique aussi que les deux ressources influant sur le choix de mobilité, le revenu et le temps disponibles, conduisent à ce que plus les revenus des consommateurs augmentent, plus ces derniers attachent d'importance à la valeur du temps.

Serge Martinez
Directeur général adjoint chez Aero Services, commandant de bord et instructeur, il décrit les différents modèles d'entreprises propres au secteur de l'aérien, avec une présentation des compagnies majors et low-costs, ainsi que des modèles « fonds-souverains » et « émergents ». Il identifie les caractéristiques comme les principaux défis à relever, permettant de mieux positionner le débat.

Michel Teychené
Directeur délégué marketing Air France, il s'interroge à partir des deux interventions précédentes et nous offre une vision personnelle courageuse, bien loin de certains discours officiels convenus. Malgré quelques remarques préoccupantes, il reste persuadé « que nous avons à Air France encore de belles marges de manœuvre pour pouvoir progresser ». Comme l'écrit Georges Bernanos : « L'espérance est un risque à courir ! »